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AccueilNuméros139Antiquité classiqueRome et l’Asie mineure de 50 av. ...

Antiquité classique

Rome et l’Asie mineure de 50 av. J.-C. à 50 apr. J.-C.

Stephen Mitchell
p. 70-72

Résumé

I. Les foedera et la politique césarienne de 48-46 av. J.-C. : Cyzique, Mytilène et Rhodes. — II. Les serments pour les empereurs julio-claudiens d’Assos, de Paphlagonie et de Chypre. — III. Ancyre et Auguste : le temple d’Auguste et Rome et ses inscriptions. — IV. Nouvelles inscriptions d’Ancyre.

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Texte intégral

1Les quatre conférences données au mois de janvier 2007, dans le cadre des séminaires de MM. D. Rousset et J.-L. Ferrary (Histoire des institutions et des idées politiques dans le monde romain), visaient à une nouvelle étude des relations entre Rome et les communautés du monde égéen et de l’Asie Mineure pendant le siècle qui s’écoule entre 50 av. J.-C. et 50 ap. J.-C. La publication récente du traité entre Rome et Lycie de 46 av. J.-C. (S. Mitchell, Papyri graecae Schøyen I, Florence, 2005, p. 163-258, commenté par D. Rousset et J.-L. Ferrary, Bull., 2006, 143) a fourni le point de départ pour traiter des autres cités de la région après la défaite de Pompée à Pharsale. D’autre part une nouvelle étude des inscriptions du temple d’Auguste à Ancyre permet un examen des moyens politiques utilisés par Auguste et ses successeurs pour s’assurer de la loyauté des communautés sujettes de l’Asie Mineure. La transformation des relations entre Rome et les habitants de l’Asie Mineure a ainsi fourni le fil conducteur entre les quatre conférences.

I. Les foedera et la politique césarienne de 48-46 av. J.-C. : Cyzique, Mytilène et Rhodes

2On a d’abord traité de deux inscriptions de Cyzique, dont l’une est l’ex-voto érigé par le prêtre eunuque Sotéridès à l’occasion du retour de son ami romain, Marcus Stlaccius, de l’expédition césarienne contre la résistance sénatoriale en Afrique en 46 av. J.-C (Syll.3 763, IGR IV 135). L’utilisation du terme symmachia dans l’inscription peut indiquer que Cyzique, comme la Lycie et Cnide à la même époque, était liée à la cause césarienne par un récent traité d’alliance, un foedus. Cette hypothèse est soutenue, sans être absolument démontrée, par le décret honorifique de Cyzique pour Démétrios fils d’Oiniadès : l’inscription fait mention des hérôa, concours qui étaient célébrés en l’honneur de son grand-père Asclépiadès et de ceux qui ont participé et perdu leur vie dans la guerre contre Ptolémée XIII à Alexandrie (IGR IV 159). Pour Mytilène, notre connaissance des relations avec Rome dépend en large mesure de l’interprétation du dossier de documents très fragmentaires qui furent inscrits sur le monument, presque entièrement disparu, du bienfaiteur Potamon fils de Lesbonax. La reconstruction hypothétique du dossier faite par Mommsen et Paton (IG XII 2, 35) et retenue par Sherk (RDGE 26) est rien moins que certaine. Il est peu probable que César ait proposé un nouveau traité d’alliance ; il a reconnu le statut de Mytilène vis-à-vis de Rome par la formule de renouvellement qui apparaît dans sa deuxième lettre à la cité, et il en a protégé les revenus. Le dossier sur Rhodes pendant les guerres civiles est constitué par des sources littéraires : une lettre de Cicéron, Ad fam. 12.15 indique qu’un traité formel entre Rhodes et Rome a été renouvelé pendant le consulat de M. Marcellus et Servius Sulpicius en 51 av. J.-C. ; Appien cependant, dans son récit de la guerre de C. Cassius contre les Rhodiens à la veille de Philippes en 42 av. J.-C., fournit l’indication que César a fait de son côté un nouveau foedus avec Rhodes en 48 av. J.-C., en même temps sans doute qu’il instituait le foedus avec les Lyciens.

II. Les serments pour les empereurs julio-claudiens d’Assos, de Paphlagonie et de Chypre

3Le contenu essentiel d’un foedus romain était une déclaration d’amitié éternelle entre les deux parties, qui prêtent serment de ne pas aider les ennemis de l’autre et de lui fournir assistance en temps de guerre. Le traité le plus récent de ce genre attesté par l’épigraphie est le foedus entre Rome et Mytilène de 25 av. J.-C. Plus tard, pendant l’époque des Julio-claudiens, le but recherché fut atteint par une autre type d’acte, les serments de loyauté, qui étaient prêtés par les habitants de l’Empire en Occident comme en Orient. Un trait significatif qui distingue ces serments est l’absence de la réciprocité, qui est elle caractéristique des traités. On a étudié les serments d’alliance provenant d’Assos en Asie, de Néapolis en Paphlagonie, et de Chypre. Depuis la discussion classique de ces documents par P. Herrmann, Der Römische Kaisereid (1960), un nouvel exemple a été découvert dans la province de Bétique (J. González, ZPE, 72 [1988], p. 113-127), et nous disposons maintenant aussi d’une édition soignée du décret de Samos qui fait allusion à un serment prêté à Auguste, très probablement à l’occasion de son douzième consulat et de l’arrivée de son petit-fils Gaius dans la vie publique (IG XII 6, 7). Ces deux inscriptions renforcent les arguments de P. Herrmann, qui suggérait que l’évolution dynastique du principat, marquée par ces événements en 5 av. J.-C, était aussi d’une grande importance pour la répartition des serments de loyauté comme instruments de gouvernement dans les provinces de l’Empire. L’organisation de cérémonies formelles pour la prestation de serments par les habitants des provinces en Paphlagonie et à Chypre était étroitement liée au culte impérial. Des foedera du ier siècle av. J.-C aux serments de l’époque julio-claudienne on peut observer l’évolution de l’exercice du pouvoir romain sous la République à celui de l’Empire.

III. Ancyre et Auguste : le temple d’Auguste et Rome et ses inscriptions

4Le bâtiment le plus important du culte impérial dans l’Asie Mineure est le temple d’Auguste et de Rome à Ancyre, le chef-lieu de la province de Galatie. Sur les parois du temple sont gravées deux inscriptions extraordinaires : l’exemplaire bilingue des Res Gestae d’Auguste, et la liste des prêtres du culte impérial en Galatie. Après une présentation de la situation archéologique du temple et une analyse de la décoration architecturale qui est généralement datée du milieu de l’époque augustéenne, on a essayé de traiter de la datation de la liste des prêtres. Depuis la publication de deux articles sur ce problème dans Chiron, 1986 (Halfmann, Mitchell), la communis opinio est d’assigner les prêtres au temps de Tibère entre 19/20 et 37/8 apr. J.-C. Mais les éditeurs de Roman Provincial Coinage ont soutenu une chronologie plus haute pour la liste, basée sur leur étude des monnaies du koinon de Galatie. Au cœur du problème est la question de la date à laquelle le gouverneur Basila se trouva en Galatie, soit ca 13-16, soit ca 35-38 apr. J.-C. La question n’est malheureusement pas définitivement tranchée par la publication d’une inscription érigée sur un bâtiment par le même gouverneur à Pergè de Pamphylie, I. Perge 22. Si une datation haute pour la liste peut être soutenue, les indications épigraphiques s’accorderaient beaucoup mieux avec l’hypothèse des archéologues, à savoir que le temple d’Ankara fut bâti entre 15 et 5 av. J.-C. En ce cas on pourrait accepter la date logique de 14-15 apr. J.-C. pour l’inscription des Res Gestae d’Auguste.

IV. Nouvelles inscriptions d’Ancyre

5On a présenté quatre inscriptions nouvelles d’Ankara qui figureront dans le corpus épigraphique en préparation par S. Mitchell et D. French. La première inscription est une base votive ou base de statue pour l’empereur Claude, trouvée en dehors d’Ancyre et érigée par un prêtre du culte impérial au nom galate. Ce document atteste l’évolution de l’organisation du culte impérial en Galatie entre la liste gravée sur le temple d’Ancyre, et les autres inscriptions d’Ancyre et de Pessinus de l’époque de Trajan. Trois autres inscriptions concernent un nouveau procurateur de province, T. Flavius Sirius, fonctionnaire du cursus publicus, et un hypographeus (? scriba) de gouverneurs de plusieurs provinces micrasiatiques. Toutes les trois posent de difficiles questions de date et d’interprétation.

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Pour citer cet article

Référence papier

Stephen Mitchell, « Rome et l’Asie mineure de 50 av. J.-C. à 50 apr. J.-C. »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques, 139 | 2008, 70-72.

Référence électronique

Stephen Mitchell, « Rome et l’Asie mineure de 50 av. J.-C. à 50 apr. J.-C. »Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques [En ligne], 139 | 2008, mis en ligne le 19 novembre 2008, consulté le 19 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/ashp/200 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ashp.200

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Auteur

Stephen Mitchell

Professeur à l’université d’Exeter (Grande-Bretagne), Directeur d’études invité

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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